10 questions à se poser avant de commencer à écrire

10 questions avant d'écrireTout le monde peut avoir envie un jour ou l’autre d’écrire une histoire, et il n’y a aucune raison de s’en empêcher, quel que soit son niveau de français. L’important c’est le désir de le faire, ce désir conditionnera d’ailleurs tout l’avenir de votre histoire. Mais avoir envie, dans le domaine de l’écriture comme dans tant d’autres, ce n’est pas tout ! Il faut définir quelques points, tant en terme d’objectifs que d’étapes, et ces points seront grandement dépendants de votre motivation et du temps que vous avez envie de consacrer à votre projet. Voici donc dix questions à vous poser avant de commencer quoi que ce soit, des questions fondamentales qui pourront être complétées par d’autres en fonction du résultat de ces interrogations. En répondant le plus honnêtement possible à toutes ces questions vous baliserez suffisamment le terrain pour ne pas être déçu(e) quoi qu’il arrive !
  1. Quel temps ai-je envie d’y consacrer ?

    Voilà un paramètre absolument incontournable, qui déterminera tout le reste. Il est évident que du temps que vous consacrerez à une œuvre artistique, quelle qu’elle soit, dépendra le résultat, et votre satisfaction au bout du compte. Soyez lucide sur le temps que vous voudrez réellement passer sur votre histoire. Ne vous imaginez pas que du jour au lendemain vous allez tenir des horaires stricts, écarter des activités que vous aimez pour vous consacrer pleinement à votre histoire et trouver ce temps que vous n’avez jamais pour faire telle ou telle chose. Commencer à écrire un récit ne va pas étirer le temps dont vous disposez, il faut donc que vous ayez bien conscience que vous devrez aménager votre emploi du temps, réduire certaines activités au profit de celle-ci. A moins bien sûr que vous ayez envie d’écrire une histoire parce-que vous vous ennuyez, mais c’est tout de même rare ! Évaluez donc honnêtement le temps que vous pourrez réellement consacrer à votre histoire, pas seulement en regardant les cases vides de votre emploi du temps mais aussi en vous demandant si vous avez envie de remplir ces cases, ou de réduire le temps consacré à certains loisirs, pour écrire votre histoire. Vous avez parfaitement le droit de vous dire que vous voulez seulement y passer une heure par semaine, même moins, mais ne surestimez pas vos envies/possibilités, cela ne ferait que vous décevoir plus tard en constatant que vous ne pouvez pas arriver au résultat voulu. En dehors du temps hebdomadaire ou mensuel dédié à votre histoire, pensez également à la durée de votre engagement. Imaginez cela un peu comme une tirelire, vous avez envie d’atteindre une certaine somme et moins vous mettrez d’argent dans la cagnotte à chaque fois, ou plus vous le ferez de manière irrégulière ou espacée, plus vous mettrez de temps à atteindre cette somme. Êtes-vous prêt(e) à y passer plusieurs mois ? Pensez-vous qu’étaler votre projet sur une longue durée risque de vous faire perdre votre motivation ? Vous seul(e) pouvez répondre à ces questions, et encore une fois il vous faudra être honnête avec vous-même pour ne pas être déçu(e) plus tard. Pour en finir avec cette question retenez bien qu’il n’y a rien de mal à vouloir passer peu de temps sur un projet s’il tient au loisir, mais il faudra que vous accordiez vos objectifs au temps que vous vous donnez pour les atteindre. Rappelez-vous de l’image de la tirelire quand vous songerez à vos objectifs, elle vous aidera à être plus réaliste !
  2. Pourquoi ai-je envie d’écrire cette histoire ?

    Cette question peut sembler de prime abord évidente, mais sa réponse aura de réelles implications sur votre satisfaction. Elle aura un impact sur vos objectifs mais aussi sur les difficultés que vous rencontrerez et sur les moyens que vous vous donnerez pour y arriver. Encore une fois il s’agit d’être honnête envers vous-même. Ne vous demandez pas pourquoi vous devriez écrire cette histoire, mais pourquoi vous en avez envie. Une fois que vous vous êtes posé cette question et y avez répondu le plus naturellement possible, essayez d’évaluer vos chances de combler votre désir. Par exemple si vous êtes un auteur débutant et que vous avez envie d’écrire pour être publié, vous imaginez bien que vous n’allez pas atteindre votre but facilement, à moins d’être proche d’un patron de maison d’édition ou de vous auto-éditer. Il ne s’agit pas d’écarter totalement votre envie la plus spontanée et faisant battre votre cœur avec le plus de force, mais de vous assurer que vous pourrez combler d’autres désirs, plus réalistes, en chemin. Comme une voiture a besoin de carburant pour faire un long trajet, vous devez vous assurer que vous pourrez satisfaire des désirs intermédiaires avant d’arriver à combler votre désir initial. Votre pire ennemi pour aller jusqu’au bout de votre démarche, et donc pour en être satisfait(e), c’est la démotivation. Elle peut surgir pour de nombreuses raisons, si vous avez l’impression que vous n’avancez pas assez vite, si vous n’obtenez pas la qualité que vous vouliez, si les commentaires qu’on vous fait ne sont pas à la hauteur de vos espérances… Et contre la démotivation, rien de mieux que des satisfactions intermédiaires, qui vous permettront de chasser ce vilain abattement et de vous dire que vous avez encore d’autres moments agréables à passer avec votre histoire ! Il semblerait à tort plus judicieux de se poser cette question en premier, avant de s’interroger sur le temps à consacrer à votre projet, mais l’expérience et la logique humaine prouvent le contraire. En effet lorsqu’on a envie de se promettre quelque chose (la réalisation de ses désirs les plus fous par exemple), on s’imagine facilement pouvoir déplacer des montagnes, trouver du temps et de l’énergie là où il n’y en avait pas. S’intéresser d’abord à la notion de temps qu’on a envie d’y consacrer permet d’être plus objectif sur celui-ci. En vous faisant miroiter toutes vos envies en premier vous risquez de fausser votre jugement. Pensez aux publicités, vous annonce-t-on le prix avant ou après vous avoir présenté le produit ? Lorsque vous voulez acheter un nouvel équipement relativement coûteux, trouvez-vous plus raisonnable de vous fixer une somme à ne pas dépasser avant de consulter les offres, ou après ?
  3. Quel est le public visé ?

    Vaste question, que nous allons diviser en deux parties, l’une abordant le sujet en terme d’expansion, et l’autre en terme de cible. a) L’expansion Cette question est assez facile, mais elle peut rapidement évoluer selon le bon ou le mauvais déroulement de votre phase d’écriture. Généralement on a cinq réponses possibles : –Moi uniquement : souvent l’auteur débutant, craignant le jugement de lecteurs, ou un auteur plus confirmé s’essayant à un nouveau style. –Un proche ou une poignée de proches soigneusement sélectionnés : Relativement rassurant selon la ou les personnes que vous visez, si ce n’est pas le succès que vous espériez au moins la nouvelle ne s’ébruitera pas et votre honneur sera sauf ;) –Une petite communauté : Par exemple les membres d’un forum que vous avez choisi et où vous vous sentez à l’aise. –Le vaste monde : Généralement vous visez tous les utilisateurs d’internet lisant dans la langue de votre récit, ambitieux et pouvant vous donner l’impression de jouer au funambule ou de marcher dans le désert selon votre chance ou votre capacité à former un réseau solidaire. –Un éditeur : Là on touche au Graal de la plupart des auteurs amateurs sérieux et espérant, secrètement ou non, qu’on reconnaîtra leur talent officiellement. Beaucoup d’appelés et peu d’élus, tout un parcours demandant un sacré courage et une persévérance à l’épreuve des balles, mais un but honorable si toutefois vous êtes suffisamment lucide au sujet de votre qualité d’écriture, et supportez les critiques et les remises en question. Quel que soit votre choix, ne pensez pas qu’il influera sur l’objectivité individuelle de vos lecteurs ! Même un éditeur a des lecteurs qui peuvent avoir mal à la tête ou être dans une mauvaise passe, un comité majoritairement composé de personnes qui n’aiment pas spécialement votre type de texte, ou ne pas être la bonne cible pour votre tentative. Vous pouvez être très dur(e) envers vous-même ou ne pas voir des tas d’erreurs, vos proches peuvent être indulgents ou au contraire pessimistes, et ainsi de suite. L’avantage d’avoir un plus grand nombre de lecteurs est de comparer les avis, de voir les points qui ressortent et vous semblent objectifs une fois analysés. Quels que soient vos lecteurs, ne prenez pas tous leurs propos pour argent comptant, ou vous allez parfois osciller entre joie extrême et déprime totale. Ne vous infligez pas des réponses idiotes de lecteurs aigris si vous n’êtes pas prêt(e) à les lire, protégez-vous, être lu(e) c’est bien, progresser avec les avis des autres c’est mieux, mais avant tout ne vous dégoûtez pas de votre œuvre ! Un conseil cependant si vous décidez de faire lire à plus de quelques personnes ciblées, ne commencez pas à partager votre récit avant d’être sûr(e) de le terminer, ou précisez au début de votre publication que vous n’êtes pas encore certain(e) de finir cette histoire. Les auteurs qui ne terminent jamais leurs récits sans avoir prévenu au départ de ce risque contribuent à la diminution des lecteurs motivés pour lire des auteurs encore inconnus. b) La cible Définissez d’abord la tranche d’âge que vous voulez cibler avec votre histoire, et cela même si vous n’imaginez pas encore la faire lire. Votre écriture s’en ressentira, dans le vocabulaire employé autant que dans les thèmes abordés ou l’auto-censure que vous vous imposerez. La division est simple : enfants, adolescents et adultes. Évidemment cela ne veut pas dire qu’un adolescent précoce ne va pas aimer une histoire pour adulte ou qu’un adulte ne trouvera pas trop mignonne une histoire pour enfants, mais vous ne traiterez pas vos sujets de la même manière selon votre cible principale, vous devez le garder à l’esprit. Une fois la tranche d’âge déterminée, vous savez certainement que le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Mais aussi ceux qui écrivent des fanfictions et ceux qui écrivent des histoires originales. Votre public sera donc très différent selon votre choix. Les fanfictions attirent souvent beaucoup de monde lorsqu’elles touchent à une œuvre populaire et sont publiées sur des sites spécialisés, mais les histoires originales ont l’avantage de mieux mettre en avant votre inventivité et de pouvoir être lues par pratiquement n’importe qui. Concernant les genres littéraires très peu de lecteurs se cantonnent à un seul genre, et une histoire bien écrite peut convaincre pratiquement n’importe qui de lire dans un genre dont il n’est pas coutumier. Il est par contre plus difficile de convaincre avec un registre de langue ou un style avec lequel un lecteur a du mal, mais gardez en tête que cela ne dépend pas de vous mais de ceux qui vous lisent. Certaines personnes sont allergiques aux phrases « trop longues », d’autres détestent les phrases courtes type « sujet verbe complément », il y en a qui sont sensibles à la richesse du vocabulaire, aux tournures élégantes, et d’autres qui privilégient la simplicité. Choisissez un style qui vous plaît et n’en changez pas en cours de route, c’est ce qui importe le plus. Rappelez-vous que pour aller aussi loin que possible dans votre démarche elle doit d’abord vous plaire avant de plaire à vos lecteurs (ce qui ne veut pas dire que vous ne devez tenir aucun compte des remarques constructives).
  4. Quels sont mes objectifs ?

    Ça y est, vous savez combien de temps vous voulez passer sur votre projet, pourquoi vous voulez le faire, et qui va en profiter. Maintenant il est temps de définir vos objectifs en fonction de vos réponses précédentes, et des capacités que vous pensez avoir ! Vous n’avez pas besoin d’en faire toute une liste extrêmement organisée, mais essayez de dégager un objectif principal et deux ou trois objectifs secondaires. Parmi ces objectifs, il peut être par ailleurs intéressant de vous fixer celui de terminer votre histoire. Eh oui, ça semble évident quand on y pense, mais de nombreux auteurs, même avec de l’expérience, arrêtent leur histoire avant de la terminer. Heureusement grâce à ces dix questions vous avez moins de risques que cela arrive, car vous serez mieux préparé(e) à parer à tout risque d’inachevé ! Ensuite vos objectifs peuvent être quantitatifs ou qualitatifs. Vous pouvez avoir envie d’améliorer votre style, votre orthographe, d’enrichir votre vocabulaire, de travailler sur le caractère de vos personnages, de tenter de maîtriser un nouveau genre littéraire, d’attirer x lecteurs, et ainsi de suite ! A vous d’évaluer vos capacités à progresser et votre envie de vous investir pour déterminer vos objectifs :)
  5. Quelle sera la longueur approximative du texte ?

    Pour répondre à cette question vous devez passer en revue vos réponses aux questions précédentes, et évaluer en fonction de celles-ci quelle longueur vous êtes capable de gérer sans avoir la tentation de bâcler une fin parce-que vous n’aurez pas envie de passer plus de temps sur votre récit ou de carrément l’abandonner sans lui donner de conclusion. Si vous débutez ou si vous n’arrivez jamais à finir vos textes, un format court vous conviendra sans doute mieux. Pensez également qu’il est toujours possible, une fois votre histoire achevée, de revenir dessus pour y ajouter des détails, des explications ou toute autre chose qui vous semble enrichir votre résultat (sans risquer de rendre une action impossible à cause de ce que vous aurez ajouté bien sûr !) a) Le format court Il comporte une dizaine de chapitres tout au plus, de trois à six pages chacun. Il peut également s’agir d’un One shot, c’est à dire un texte sans découpe, l’équivalent d’un chapitre en terme de longueur mais qui propose toute l’histoire en condensé. Le format court se concentrera donc sur l’essentiel de l’histoire, évitera les généralités et souvent entrera directement dans le vif du sujet. Il nécessite donc une plus grande idée de la fin que vous voulez donner à votre histoire et des étapes qu’elle devra suivre, puisque vous aurez moins de place pour les circonvolutions et que vous arriverez plus vite au dénouement. b) Le format long Si vous voulez plonger votre lecteur dans un univers complexe ou développer et approfondir plusieurs points sur la durée ce format vous conviendra mieux car il vous permettra de prendre le temps de vous exprimer sur tous les aspects que vous avez choisi de mettre en avant. Attention cependant, avoir de l’espace pour mettre ce que vous voulez ne veut pas dire que vous ne devez pas sélectionner ce que vous écrivez ou non dans votre texte. Demandez-vous toujours ce que tel ou tel élément apporte à l’histoire ou à la compréhension de votre univers ou de vos personnages.
  6. L’univers est-il bien défini ?

    Vous avez répondu aux questions techniques, maintenant c’est parti pour quelques questions sur votre contenu en termes qualitatifs ! Bien sûr généralement quand vous voulez commencer à écrire une histoire vous savez déjà dans quel type d’univers elle va se passer, vous avez une idée du climat, du niveau de technologie et d’autres points de base. Si vous avez opté pour une fanfiction l’univers coulera aussi de source, à moins que vous ne vouliez en changer complètement. Il va sans dire que plus l’univers choisi se rapproche du nôtre et de notre époque moins vous risquez de vous emmêler les pinceaux dans les lois de votre univers et sa logique intrinsèque, mais même dans un monde très proche du nôtre si vous abordez un domaine que vous ne connaissez pas il se peut que certaines mécaniques vous échappent. Par exemple si vous voulez écrire sur l’univers de la mode et des mannequins dans un pays réel ou proche d’un pays réel, il vous faudra vous renseigner un peu pour être crédible si vous n’en faites pas partie. Bien sûr ce que vous devez savoir sur l’univers choisi dépend aussi du niveau de détails que vous voulez mettre dans votre histoire et du public visé. Si vous voulez être lu(e) par des enfants et que vous inventez un monde où les ours se tiennent debout et s’habillent vous n’avez pas nécessairement besoin de retracer l’évolution des espèces dans votre monde pour l’expliquer dans votre histoire. Retenez tout de même une chose : vous avez toujours besoin d’en savoir plus que vous n’en dites dans votre récit. Dans un univers réaliste de nombreux paramètres entrent en compte dans chaque événement, et même si vous ne les expliquez pas tous (vous ne rédigez pas un manuel sur votre univers !) vous devez avoir une idée des mécaniques principales. Si par exemple un mage fait en sorte que le soleil se lève en pleine nuit et que vous écrivez pour un public adulte et en ayant envie d’être crédible, demandez-vous comment, dans les grandes lignes, c’est possible. Vous n’avez pas besoin de passer un doctorat en physique ou de devenir astronome, vous savez comme la plupart des gens que le soleil se « lève » parce-que la Terre tourne, et vous imaginez bien que s’il se « levait » brusquement ce serait que la Terre aurait tourné sacrément plus vite que d’habitude, ce qui bien sûr aurait de grandes conséquences dans le monde entier. Donc ce mage produit-il en fait seulement une illusion ? A-t-il accéléré le temps, et si oui les gens ont-ils simplement agi plus vite partout dans le monde sauf autour de lui où ils ont été figés ? Encore une fois vous n’avez pas besoin de vous lancer dans des explications complexes, mais posez-vous des questions :) Bien définir votre univers au départ, avec ses grands principes sociaux, ses possibilités et ses limites, vous évitera des incohérences que vous ne découvririez que tardivement en écrivant un événement contradictoire avec ce que vous aviez d’abord établi, une fois que l’action incohérente aura eu tellement de répercutions que vous ne saurez pas comment la corriger sans avoir à réécrire 50% de ce qui la suit.
  7. Quelles sont les fins possibles ?

    Comment, vous n’avez pas encore commencé à écrire et on vous demande déjà comment ça va finir ? Pas de panique, il ne s’agit pas de définir LA fin, mais quelques pistes envisageables. Lorsque vous écrivez une histoire vous devez remplir plusieurs cases pour qu’elle soit intéressante, l’une d’elles étant le point abordé précédemment et une autre étant un cheminement perceptible pour partir du point A et arriver au point B. Même dans les histoires où finalement le héros revient à son point de départ il y a eu un parcours que le lecteur a pu suivre, une dynamique qui l’a entraîné à vouloir connaître la suite, à avoir envie de savoir comment tout cela finirait. Le point A lui-même a changé, et même s’il est géographiquement au même endroit il est devenu un point B pour le héros, car ce dernier a subi des épreuves qui lui ont fait changer sa vision des choses, même un peu. Et pour emmener votre lecteur du point A au point B, vous devez avoir une idée de ce qu’est ce point B, n’est-ce pas ? Bien entendu plus vous avancerez dans votre récit plus le champ des possibilités se réduira, vous ferez des choix qui en entraîneront d’autres et fermeront des portes. Rappelez vous quoi qu’il arrive que vous devez, comme aux échecs, toujours prévoir des coups d’avance. Ces coups d’avance, dans un récit, sont des étapes que vous envisagez. Par exemple votre héros visitera telle ville, rencontrera tel compagnon de route, réussira ou non à trouver le diamant à la fin de son périple. En ayant à l’esprit les étapes principales et des fins potentielles vous éviterez de vous égarer et de perdre vos lecteurs par des moments creux ou n’apportant rien aux événements importants de votre histoire. Malgré tout sachez également rester flexible, comme aux échecs votre coup d’avance peut devenir obsolète si votre adversaire (ici vos personnages) fait quelque chose que vous n’aviez pas anticipé au moment de prévoir vos coups. Ne vous braquez pas vers une étape ou une fin si vous sentez que vous devez forcer les choses.
  8. Quels sont les thèmes principaux que j’aimerais aborder ?

    Si vous voulez les traiter correctement, vous ne pouvez pas choisir dix thèmes à mettre en avant pour votre histoire, vous risqueriez soit de faire un roman fleuve sans avancer réellement dans l’histoire soit de survoler chaque sujet de sorte à ce qu’il ne présente pas beaucoup d’intérêt pour le lecteur, voire le frustre carrément. Si vous écrivez au sujet d’un type qui parcourt le désert à la recherche d’une voiture vous pouvez par exemple traiter les thèmes de la solitude, de la survie en milieu hostile et de l’espoir un peu fou. Vous pourriez aussi aborder le thème de l’écologie et de l’impact de l’homme sur son environnement, de la folie naissante, de l’amour perdu et que sais-je encore, mais vous devez faire des choix pour restreindre le nombre de vos thèmes principaux. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez aborder aucun autre thème, mais vous ne pourrez pas approfondir ceux que vous n’aurez pas choisis comme étant fondamentaux. Vous devez donc dès le départ savoir quels thèmes vous allez privilégier, en essayant autant que possible de ne pas en dépasser trois ou quatre.
  9. Quelles difficultés pourrais-je rencontrer ?

    Avant de vous lancer dans votre projet vous devez évaluer ce qui vous demandera plus d’efforts, pour être certain(e) que malgré cela vous voulez toujours vous lancer. Quand on écrit une histoire, même pour soi et sans prétention, il y a souvent un moment où on se retrouve en difficulté, même si généralement ce n’est qu’un contretemps passager. Vos difficultés dépendront bien sûr des objectifs que vous voulez atteindre et leur impact se mesurera en fonction de votre motivation à atteindre ces objectifs. Voici quelques types de contrariétés ou contretemps qui peuvent survenir : a) Le manque de connaissances : Il peut arriver même si votre univers de départ vous semble suffisamment familier, par exemple parce-qu’un de vos personnages rencontre un mécano, que vous n’y connaissez rien en mécanique et que vous devez faire parler le mécano en termes techniques. Ce n’est pas une très grosse difficulté, il faut juste que vous prévoyiez dans votre projet des moments où vous ferez des recherches plutôt que d’écrire. La bonne nouvelle c’est que vous gagnerez des connaissances inattendues qui vous permettront de répondre au Trivial Poursuit ! b) Le manque de reconnaissance : La hantise de nombreux écrivains, même de ceux qui font semblant que ça ne les touche pas, oui oui ! Vous n’avez pas forcément besoin que tous vos lecteurs soient emballés, ni même de toucher un nombre totalement dément de lecteurs, mais tout de même, si vous partagez votre œuvre et que personne n’y adhère une certaine frustration ne pourra que s’emparer de vous, surtout si vous y avez mis tout votre petit cœur. Et plus vous viserez haut plus vous risquez d’être déçu(e) si votre envie d’être lu(e) par un maximum de gens est balayée par la dure réalité. A moins d’être un champion de la communication, il vous sera difficile de pallier à cette difficulté, mais vous pouvez relativiser, la quantité de lecteurs n’est PAS un gage de qualité dans la grande majorité des cas. Il y a par exemple des fanfictions si mal écrites qu’on a du mal à y croire et qui ont pourtant un nombre incroyable de lecteurs proportionnellement à la qualité. Bonne communication ? Univers vendeur au départ ? Concepts racoleurs ? Probablement un mélange de tout cela, mais essayez de ne pas céder à la tentation. Avoir envie de plaire à vos lecteurs c’est très bien mais cela ne doit pas vous obliger à faire des choses juste pour vous attirer une certaine popularité. Continuez à écrire ce que vous aimez, à essayer d’améliorer ce qui vous tient à cœur, mais ne versez pas dans le « commercial ». Rappelez-vous du public que vous visez, cherchez-vous des avis de qualité ou une quantité d’avis qui ne vous aideront pas à vous améliorer ? c) Le manque de motivation : Vous avez été malade ou trop occupé(e) pour continuer votre histoire et vous avez du mal à y revenir, vous êtes face à un passage où vous ne savez plus quoi faire, vous avez eu un commentaire qui vous a démoralisé(e), vous avez l’impression de tourner en rond et de mal écrire… Il y a autant de raisons que d’auteurs pour avoir une période de démotivation, même chez les plus grands. Rappelez-vous de vos objectifs, de vos envies. Souvenez-vous de ce qui vous a tant motivé(e) ! Vous pouvez toujours revoir vos objectifs à la baisse si besoin, ce n’est pas un drame mais un signe que vous avez une bonne conscience de vos capacités. Vous pourrez toujours valider vos premiers objectifs plus tard, une fois votre histoire terminée, en l’améliorant ou en commençant un nouveau récit. d) Le manque de recul : Il se peut que vous traitiez un thème qui vous tienne particulièrement à cœur, parce-que vous l’avez subi personnellement par exemple, ou que vous ayez des personnages qui vous touchent énormément. Cela vous permet d’être plus motivé(e) pour les faire comprendre, mais vous risquez aussi de perdre votre objectivité face à eux. Essayez de garder à l’esprit que vous devez être le/la plus impartial(e) possible envers les situations et personnages, que rien ni personne ne peut être tout blanc ou tout noir, avoir toujours raison ou toujours tort. Vérifiez que vous mettez suffisamment de nuances, de bon et de mauvais dans ce qui vous touche de près, pour que vos lecteurs n’aient pas l’impression de lire un plaidoyer manichéen.
  10. Et si je n’y arrive pas ?

    Vous avez bien lu toutes les questions, vous y avez répondu honnêtement, vous avez balisé le terrain, votre motivation est au top et vous êtes impatient(e) de commencer… C’est une très bonne nouvelle ! Alors pourquoi, mais pourquoi, cette question déprimante ? Tout simplement parce-que quand on écrit, même juste pour soi et sans grands enjeux, on met un peu de soi, et si pour une raison ou pour une autre on n’arrive pas au bout de ce qu’on a commencé il vaut mieux pouvoir le gérer sereinement. Si vous répondez « Tant pis ! » ou « Ce n’est pas grave, j’écrirai une autre histoire à la place ! » c’est parfait, vous avez une attitude positive et si vous la gardez pendant tout votre projet vous aurez moins de risques d’être déçu(e). Il faut que vous relativisiez, ne pas accomplir vos objectifs pour un loisir ou un travail dont vous n’espérez pas tirer de revenus avant longtemps n’est pas grave à court terme, ni même à long terme si ce n’est qu’un loisir parmi d’autres. Échouer à écrire une histoire arrive à tout le monde, même aux plus habitués, ce n’est pas un drame, le tout c’est de rebondir. N’oubliez pas cependant que plus vous aurez visé haut plus la chute vous semblera douloureuse, alors assurez-vous à nouveau, en vous posant cette ultime question, que vos objectifs sont bien raisonnables face à vos capacités ! Et surtout, surtout, ne décrétez jamais que vous n’y arrivez pas avant d’être certain(e) d’avoir mis tous les moyens en œuvre pour réussir, sans pour autant dépasser les limites que vous vous êtes fixées.

Conclusion

Si vous avez envie d’écrire faites-le, quel que soit votre niveau ! Ne vous arrêtez pas aux risques de ne pas arriver à produire exactement ce que vous vouliez, faites-vous plaisir et si ça ne marche pas relativisez en vous disant que vous aurez d’autres chances d’y arriver si l’écriture vous passionne vraiment. Faites cependant attention à votre liste de diffusion. Des lecteurs qui ne seraient pas des proches risqueraient de ne pas revenir vers vous si vous interrompiez votre démarche sans leur avoir donné de conclusion satisfaisante, alors si vous n’êtes pas sûr(e) de pouvoir le faire dans l’immédiat réduisez votre liste à des proches qui accepteront cette tentative comme telle et ne fuiront pas une lecture ultérieure si la première n’a pas abouti.

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